Notre projet

Quel projet de restauration ?

Reconstituer l’orgue Clicquot ?

Refaire parler l'orgue de tribune avec sa composition actuelle est un rêve a priori à portée de main : la mécanique est de bonne facture, la tuyauterie quasi complète et le buffet relativement sain.

Il faut cependant bien avoir conscience qu'il ne suffit pas de passer l'aspirateur et le balai dans l'orgue pour le refaire fonctionner ! La remise en service de l'instrument devra s'accompagner d'un démontage et d'un nettoyage et d'un réglage complet de ses parties instrumentales (les tuyaux) et de sa mécanique... Les sommiers devront être intégralement révisés, la console rénovée et si possible la partie ut dièze de la pédale reconstruite avec le sommier et les tuyaux de réserve à la tribune.

Aller plus loin dans le projet de restauration pour «faire sonner» l'orgue de manière cohérente nécessitera de se poser plusieurs questions :

Le matériel romantique actuel doit-il être utilisé ?

À défaut d'entendre l'orgue, il est difficile de répondre à cette question. Le matériel sonore de Suret est probablement très intéressant. Malheureusement, pour disposer d'un instrument véritablement utile pour la musique romantique, il faut de la place... ce qui manque cruellement à la tribune du grand-orgue. Faute de place dans le buffet, la boîte expressive a dû être rajoutée au-dessus de l'orgue et l'amplitude du clavier a été réduite (il manque une octave et demie et il n'y a que 5 jeux). D'autre part, il sera toujours impossible de jouer confortablement de la musique romantique à la console, vu le peu de place disponible entre le positif de dos et les claviers (45 cm!), l'organiste ne pouvant réellement utiliser le pédalier avec pointes et talons. Enfin, il sera très difficile de mettre en oeuvre des dispositifs modernes d'accouplement et de tirasse (sans parler de la pédale d'expression, actuellement déportée sur la droite), vu la configuration de la mécanique.

La reconstitution de l'orgue Clicquot de 1788 est-elle intéressante ?

Disposer d'un orgue Clicquot avec mécanique d'origine permettrait de combler un manque à Paris. Les instruments disposant de mécanique et tuyauterie d'origine sont très rares à Paris : St-Nicolas-des-Champs et de celui de St-Gervais sont les deux seuls instruments dans ce cas, l'orgue de St-Nicolas-des-Champs ayant été en revanche beaucoup modifié au XIXème et XXème siècle (récit avec tirage des jeux électriques). De nombreux professeurs d'orgue nous ont par exemple déclaré tout leur intérêt pour cette entreprise. Jouer de la musique des Couperin, Marchand ou de Grigny sur instrument d'époque est un rêve que ne peuvent s'offrir les élèves des conservatoires, faute d'orgue à disposition. L'église St-Leu - St-Gilles, par ailleurs fermée au public tous les matins, serait un outil de travail et d'enseignement formidable pour les musiciens et leurs élèves.

Dispose-t-on des connaissances pour rénover de manière «authentique»
l’orgue historique de St-Leu ?

La facture du XVIIIème siècle est relativement connue et documentée et de grands facteurs français et européens maîtrisent parfaitement les subtilités de cette époque. Enfin, les facteurs trouveront dans l'orgue de St-Leu matière à inspiration. On peut donc espérer qu'une restauration scrupuleuse de l'orgue Clicquot soit possible.

Quelle est l’ampleur de la restauration du grand-orgue de St-Leu - St-Gilles ?

L'étude réalisée par l'expert Christian Lutz indique des montants de 630 000 euros pour un retour à l'orgue Clicquot et de 570 000 euros pour un retour à l'orgue 1867 de Suret. L'écart entre les deux options est donc minime. L'ampleur du projet n'étonne pas : pour une restauration d'orgue de ce type et plus d'un an de travaux faisant intervenir plusieurs corps de métier, de tels montants ne sont pas rares. Il faudra en effet tout démonter, nettoyer, recoller, remplacer certaines pièces défectueuses, remoder certains tuyaux abîmés. Le travail est colossal même si l'instrument ne représente que un cinquième de la taille de l'orgue de Notre-Dame de Paris !

Les experts que nous avons consultés sont tous unanimes sur la qualité de l'orgue et la pertinence d'un retour à l'état Clicquot (avec quelques jeux Suret conservés?).

Une restauration au rabais n'est pas possible dans le cas de l'orgue de St-Leu. Trop de choses sont à revoir, la mécanique est également fortement imbriquée et il n'est pas possible de restaurer une partie de l'orgue sans revoir l'ensemble de l'instrument. Il ne suffira pas et il serait même dangereux de remettre seulement en vent l'instrument (rallumer le ventilateur) sans un travail approfondi au moins sur ses parties mécaniques... et évacuer les 30 cm de poussière qui se sont accumulées dans les tuyaux. 55 ans sans fonctionnement et 100 ans de poussière et d'agressions ont probablement fragilisé l'instrument.

Enfin, il faut rappeler que l'orgue est un des plus beaux de Paris et certainement de France. L'implication des pouvoirs publics est nécessaire pour arriver à une restauration complète, de qualité et pérenne !

Si on pouvait résumer, l'état actuel de l'instrument : le squelette est sain mais les organes externes sont très malades !

  • Côté plus : toute la mécanique est là, toute la tuyauterie est là (un des rares orgues à ne pas avoir été vandalisé, on veille au grain dans la Paroisse !), buffet dans un état acceptable semble-t-il.
  • Côté négatif : tout ce qui est dit et pas dit dans les photos et textes précédents. Allergiques à la poussière et passionnés d'orgues historiques bien entretenus, s'abstenir de monter à la tribune, ça fiche le cafard (sans jeu de mot)!
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